Extraits du post d’une bloggueuse italienne : Laura Capuzzo
Je voudrais
vous servir un descriptif du type de gars que je ne supporte vraiment pas. Ça fait
un bail que je pense à ce type qui m’embête pas mal. Je l’ai rencontré assez
souvent et il faut lui rendre le fait qu’il a la qualité de ne pas me sembler
moins désagréable malgré le poids de mes années. Tant mieux, parce que je
serais bien triste de devenir plus tolérante juste parce que je vieillis.
Le camarade sexiste est un personnage bien plus
commun que ce qu’on pourrait penser. C’est un homme de gauche, très engagé ;
il se dit fièrement communiste, surtout si il a plus de 40 ans, ou alors s’affirme
comme « anarchiste depuis toujours ».
(…)
Le camarade sexiste est très attentif à son
langage. Il sent les réacs et les racistes à un kilomètre et condamne sans
appel les militants droitiers, qu’ils soient actifs ou passifs, surtout dans
ses expressions. Il sait peser ses paroles et fait très attention à ce qu’il
faut dire selon les situations, parce qu’il connait la force du langage et il
sait à quel point cela peut frapper et servir la cause d’utiliser les bonnes
paroles aux bons moments.
Mais, il y a un mais.
Oui, oui, camarade sexiste, il y a un ‘mais’.
Mais ça t’ennuie vraiment beaucoup lorsque les
camarades femmes gèrent une initiative, une occupation, ou soulèvent des
problèmes auxquels tu n’avais même pas songé, et en plus propose des solutions
qui t’obligent à reconsidérer un peu ton rôle. Mais ça te rend malade d’être
exclu de certaines discussions, ou que de n’y être admis qu’avec les réserves
nécessaires parce qu’en tant qu’homme, tu n’as pas la priorité sur certains
sujets. Tu te demandes qu’est-ce que c’est que cette manie de s’intéresser au
patriarcat, au machisme, à la violence de genre. Ce ne sont pas les vrais
problèmes ; ce sont des petites discussions qui nous font perdre de vue
notre objectif, notre idée, les choses importantes.
Toi, camarade sexiste, tu as développé un rejet
naturel des expressions comme « sale arabe » ou « flamand de
merde », mais tu n’hésites pas à utiliser l’expression « connasse »
pour désigner une femme au volant qui serait devant toi sur la route. Tu n’hésites
pas à qualifier de « pute » la prof qui t’interroge, « salope »
à la journaliste qui ne te pose pas les questions que tu avais envie d’entendre,
« pouffiasse » à la député qui fait une déclaration que tu trouves
inopportune, « suceuse » à la collègue qui travaille plus et mieux
que toi. Ensuite, tu trouves aussi l’occasion de placer un méprisant « chérie »
pour la camarade qui propose une motion différente de la tienne, et tu sais affectueusement
nommer « petites putes » les filles du centre social qui demandent
des horaires de salles pour leurs initiatives (parce que tu es quand même un
mec avec du sentiment).
He bien camarade sexiste, je tiens à te le dire, à
mes yeux tu es un fasciste. Oui, vraiment un fasciste. Parce que si tu refuses
de comprendre (et tu le refuses volontairement, parce que tu sembles capables
de comprendre tout le reste en dehors de ça) ce que veut dire le sexisme, c’est
parce que ça t’arrange. C’est parce que tu aimes avoir un espace dans lequel
exercer ton pouvoir de mâle et que tu veux le garder. Et pour ça tu t’en prends
aux camarades femmes. Qui, à ce moment-là, ne sont pas des camarades, mais des
connasses. Même pas des femmes ; mot qui en fait ne t’intéresse pas. Parce
que derrière le sale arabe ou le flamand de merde, il y a un homme, et là tu
comprends qu’en utilisant ces expressions ça insulte des hommes comme toi ;
mais si tu dis salope, là non, tu ne le comprends pas. Enfin, tant qu’elles ne
cassent pas les couilles, qu’elles soient salopes c’est même pas dérangeant non ?
Cher camarade sexiste, je te méprise. Tu peux avoir
un tatouage du Che sur le front et le marteau et la faucille brodés sur le
slip. Tu peux même avoir Le Capital dans ta bibliothèque en édition originale
et savoir chanter l’internationale en russe, tu restes quand même un fasciste.
Parce que le pouvoir d’être un mâle te plait et que tu le serres dans tes
mains. Alors peu importe les couleurs que tu portes, tu me dégoûtes, tout
simplement.
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