Le sexisme insidieux
Naomi Jones
Une des choses qui a vraiment fait sortir des gens de leurs
gonds (et en particulier des femmes) à propos du SWP est la détermination
qu’ils ont eu à réduire la signification du mot « féminisme » à un simple
instrument de classe justifier par l’oppression des femmes, et considéré comme
à la disposition des membres.
Faisons un petit tour dans l’esprit de Judith Orr, l’oracle
du parti qui détermine ce qu’est réellement le féminisme. Le 09 mars, le
journal Socialist Worker éditait un article sur les secteurs prioritaires en
vue du Congrès Spécial, semblerait-il dans le but d’armer tous ceux qui
auraient oublié quelle est la ligne sur certains sujets douteux contre ceux qui
seraient «confus ». Prenons ce qui suit :
«Les socialistes se placent du côté de tous ceux qui
combattent le sexisme. Nous avons contribué à construire des campagnes pour le
droit à l’avortement, l’égalité de salaire et contre les discriminations. Mais
nous soutenons également que, bien que l’oppression ne puisse être réduite à la
question de la classe, elle trouve tout de même ses racines dans le
développement de sociétés de classes et de la famille. »
Cela soulève un certain nombre de questions :
1. C’est un
modèle classique d’argument SWP qui commence par « les socialistes pensent que
» et qui se poursuit avec « nous soutenons que » - un petit tour de passe-passe
rhétorique pour convaincre le lecteur que l’opinion qu’on lui demande d’avoir
est une vérité objective. C’est comme un crieur avec un mégaphone qui dirait «
toutes les mamans veulent des draps blancs… nous, les mamans, savons que Persil
est la meilleure poudre ». Le temps de ce type de propagande est dépassé. Même
si c’était une véritable méthode pour avoir raison plutôt qu’une manière de
vendre (parce que ce n’est pas ce qu’on fait), les gens en général on évolué,
et en particulier les jeunes personnes que le parti essaie de toucher.
2. « Nous avons
contribué à construire des campagnes » - vraiment ? Bien sur beaucoup de
membres du SWP sont actifs dans des comités qui concernent la libération de la
femme. Mais beaucoup de membres ont également subi des pressions à cause de
leur implication, par exemple les groupes féministes sur les campus. Lors de
l’appel à manifester avec la marche « Slutwalk », la parti est resté à tâtonner
sur ce que cela pouvait signifier pour le parti l’utilisation du mot « slut »
(trainée) si jamais il prenait
activement part à la campagne – et dans certaines zones, les membres du SWP
n’étaient pas du tout les bienvenus dans le mouvement Slutwalks. Le but ici
n’est pas de faire l’évaluation des activités du SWP, mais de mettre le doigt
sur une logique circulaire : « nous sommes les meilleurs porteurs de campagne
parce que nous avons une fière tradition sur la libération de la femme » et «
nous avons une fière tradition de la libération de la femme parce que nous
sommes les meilleurs militants dans ces campagnes ». Le SWP n’est pas la
meilleure force des campagnes pour la libération de la femme et il est temps de
l’admettre.
3. Donc, selon le
SWP l’oppression des femmes trouverait ses racines dans le rôle que joue la
famille et dans le développement d’une société de classes. Wahouh ! Je pensais,
en fait, que le SWP avait le monopole de cette idée novatrice depuis un moment.
Il s’avère que le SWP n’avait pas de copyright sur Engels, mais que c’est l’une
des rares organisations qui a adopté une position claire sur la libération des
femmes qui s’est simplement arrêtée à Engels. Bien d’autres types de personnes
ont une compréhension du sexisme qui se construit sur le matérialisme
historique. Il y a mêmes des écoles de pensées qui se nomment féminisme
matérialiste ou féminisme marxiste ; vous imaginez !
L’attitude du SWP à l’égard de ceux qui ont soulevé ces
questions les ont fait quitté le parti. Une décision triste mais
incontournable.
Une affirmation comme celles que l’ont peut trouver dans les
campagnes de libération de la femme « Je serai post-féministe lorsque nous
vivrons dans une société post-patriarcale » fera de vous l’objet de sarcasmes
et de discussions dans le SWP. Tout le mal est à l’intérieur.
FEMINISTE :
Appellation qui désigne une femme qui pense que tous les
hommes sont coincés dans la culture du viol et qui rejette la matérialisme
historique ?
NON !
Cela signifie simplement : « notion
radicale selon laquelle les femmes sont des gens ».
Un thème récurrent dans l’argumentation du SWP est le
suivant : Pourquoi nous attacher à une notion comme le féminisme alors que nous
avons une analyse du pourquoi les femmes sont opprimés qui place les luttes les
plus significatives à l’intérieur de la contre-attaque de la classe ouvrière ?
Il n’est pas nécessaire de perdre son temps à se regarder le nombril dans des
endroits sécurisants pour débattre sur nos expériences avec d’autres femmes qui
se définissent féministes, il faut juste construire « Unite the Resistance » et
tout partira au lavage.
Ce genre de rejet du féminisme comme mouvement est une
insulte à tant de femmes (et d’hommes) qui ont pris de grands risques et mis
beaucoup d’énergie et de temps à se battre pour le droit des femmes. Nous
devrions être fières de nous appeler féministes, et de faire partie d’une
tradition riche et variées qui unis les femmes dans des campagnes pour
l’égalité sociale, économique et politique. Voici une autre raison de ne pas
rejeter le féminisme :
PATRIARCAT :
Cela signifie que vous pensez que tous les hommes sont
naturellement mauvais, les femmes devraient vivre ensemble pour leur propre
sécurité et les organisations ouvrières ne vont pas changer ça, juste ?
NON !
Cela signifie que vous vous rendez compte que les hommes
tendent à être représentés de manière disproportionnée par rapport aux femmes,
et ce, de différentes façons, et cela contribue à perpétuer les oppressions
faîtes aux femmes.
Cela signifie que le sexisme est « insidieux », pas le
féminisme. Le sexisme peut s’introduire dans les institutions, dans les
organisations, entre les amis, et même dans le SWP.
Le SWP est bien conscient de ça, puisqu’il tente (de manière
misérable) de compenser. Mais il a développé une horrible tendance au
fonctionnement bureaucratique et à favoriser la non-remise en question, que
cela s’est terminé avec des femmes, membres du comité de litige, qui ont posé
les pires questions qu’on puisse poser dans ce genre de cas à des membres qui
se plaignaient d’avoir subi de abus sexuels.
Le fait qu’elles aient posé ces questions ne fait pas de ces
femmes de déchets politiques, et cela ne signifie pas qu’elles sont mauvaises,
ou que le SWP a une « culture du viol ». Cela reflète une question structurelle que le SWP a décidé de nier complètement, pour de nombreuses raisons qui
commencent maintenant à monter à la surface. C’est une organisation qui a
échoué dans le fait de contrecarrer les tendances patriarcales de la société
capitaliste – ça arrive facilement, mais c’est plus difficile de s’en rendre
compte.
Le sexisme et les autres formes d’oppression s’insinuent
dans le dos de notre société divisée, nous conduire dans des coins séparés et
nous aliéner les uns contre les autres est la véritable force de l’oppression.
Le long du chemin, le sexisme vit selon sa propre dynamique et peut être
analysé d’une manière propre à lui, sans abandonner la tradition marxiste. La
méthodologie des oppressions croisées le démontre. Les privilèges ne peuvent
être compris qu'au travers d'une grille de lecture basée sur le matérialisme historique.
Le patriarcat existe, vous pouvez le voir de vos propres
yeux – nous devons en discuter les causes. Maintenant il faut essayer et
rejoindre ceux qui sont déjà en train d’y réfléchir dans le monde réel.
source : http://internationalsocialismuk.blogspot.be/2013/03/creeping-sexism.html
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